Auteur : Edwige
Baily et Julien
Poncet
Artiste : Edwige
Baily
Metteur en scène : Julien
Poncet
Bien sûr, la littérature, ça sert à rêver, à s’évader, à transmettre, à se raconter des histoires ou la vie, et bien sûr moi aussi, parfois, il m’est arrivé de penser « c’est magnifiquement énoncé, c’est bien ce que je pensais, c’est bien ce que je ressentais mais je n’étais jamais parvenu à la dire ! »
Alors, si on commence par Le Dormeur du val, on a tout de suite mon attention. On a tous ses morceaux choisis et celui-là fait parti des miens. Après Rimbaud, Flaubert ou Camus passeront nous saluer mais c’est surtout Sophocle qui tient les rênes.
Dans un décor neutre, nous passons tour à tour d’une enseignante de français à l’autre, chacune à son époque, face à ses élèves, tentant de transmettre savoir et émancipation.
L’une est un peu barrée et va nous expliquer la mythologie et l’histoire d’Antigone, symbole de l’opposition au pouvoir, fille révoltée qui refuse tout compromis dans son Amour fraternelle.
L’autre, plusieurs fois portée à l’écran dans « Mourir d’aimer », est une enseignante post soixante-huitarde, éperdue d’amour pour l’un de ses élèves.
Passant de l’une à l’autre avec l’agilité d’un chat, tantôt excitée, tantôt fragile dans un incroyable flot ininterrompu de parole à couper le souffle.
Le texte ciselé est intense, époustouflant, vertigineux, tout comme l’est le jeu de la comédienne.
Une performance qui nous laisse sans voix, elle est littéralement habitée par ses deux rôles, elle s’oublie complètement, et tout ça pour l’amour.
L’amour du théâtre, du spectacle vivant, du partage et de la transmission. L’amour de l’amour même.
Une ode à la littérature qui nous secoue et nous bouleverse.
Et quand on sort d’un spectacle en ayant envie de prolonger l’instant par des recherches, l’envie de revoir « Mourir d’aimer » et Antigone, c’est une véritable réussite.