Le domaine des murmures



Auteur : Carole Martinez

Artiste : Jessica Astier

Metteur en scène : William Mesguich


Une plongée fascinante dans le Moyen Âge et au-delà

"Le Domaine des Murmures", mise en scène par William Mesguich, offre une adaptation magistrale du roman de Carole Martinez. Dès les premières minutes, le spectateur est transporté en 1187, dans un monde où le poids des traditions et des croyances religieuses façonne chaque aspect de la vie.

La performance de Jessica Astier dans le rôle d'Esclarmonde est époustouflante. Son refus de dire « oui » le jour de son mariage est un acte de rébellion qui résonne profondément. La scène est tendue, chargée d’émotions, et l'audace de ce geste choque autant les invités du mariage que le public. La détermination d'Esclarmonde à se dévouer à Dieu et à vivre emmurée jusqu'à sa mort est interprétée avec une intensité rare, soulignant à la fois sa foi inébranlable et son désir de liberté.

La mise en scène est ingénieuse et magnifique , utilisant des éléments de décor minimalistes mais significatifs pour représenter la cellule où Esclarmonde passe sa vie. Les murs semblent se refermer sur elle tout en laissant passer les murmures du monde extérieur, créant une atmosphère à la fois oppressante et mystique. Les jeux de lumière et de son accentuent cette dualité, faisant de la cellule un lieu de réclusion mais aussi de pouvoir.

La pièce explore habilement la transformation d'Esclarmonde de jeune femme emmurée à une figure inspirante et influente. Les pèlerins et Croisés qui viennent à elle apportent avec eux les échos d'un monde en mouvement, et à travers ses murmures, Esclarmonde devient une actrice clé de son époque. Sa réclusion se transforme en un voyage intérieur et extérieur, une méditation sur le pouvoir, la foi et la liberté.

Le texte de la pièce est riche et poétique, parvenant à capturer l’essence du roman de Martinez tout en y ajoutant une dimension théâtrale puissante. Les dialogues sont percutants, chaque mot semble avoir été choisi avec soin pour résonner au plus profond de l’âme du spectateur.

 

Enfin, la dimension spirituelle et intemporelle du destin d'Esclarmonde est magnifiquement rendue.

Le spectateur quitte le théâtre avec l’impression que son fantôme murmure encore, un écho persistant d'une époque lointaine mais étrangement proche.

En somme, "Le Domaine des Murmures" est une réussite éclatante. C’est une pièce qui touche, qui inspire et qui interroge, nous rappelant la force de l'esprit humain face à l'adversité et l'injustice. Une expérience théâtrale à ne pas manquer.

 

Vu au Roi René le 5 juillet Agnès Guéry pour Passion Théâtre.