les enfants du diable



Pièce de Clémence Baron 

Avec  Clémence Baron et Antoine Cafaro 

Mise en scène de Patrick


Le rideau s'ouvre sur un appartement dont le mur en pierre laisse transparaître la puissance et l'émotion qui va nous saisir pour ne plus nous lâcher. Nous sommes à Bucarest en 2009, Niki ouvre une lettre de sa sœur. Il en fait la lecture à une chaise vide. Antoine Cafaro est tout à fait crédible dans l'évocation des douloureux souvenirs du départ et du silence de sa sœur. 

Nous nous enfonçons dans la fange de la dictature de Ceaucescu. 

Veronica arrive de France où elle a été adoptée. S'ouvre alors un incroyable dialogue, s'ouvrent aussi les plaies; les incompris s'expriment et des animosités explosent. Vingt ans après, les cicatrices sont encore béantes et Clémence Baron nous décrit avec émotion le calvaire de son enfance dans l'inimaginable situation voulue par le dictateur . 

 Ceaucescu à créé des élevages d'enfants et une sélection fut mise en place. Leur sœur Mírela, autiste fut séquestrée dans la catégorie des irrécupérables en espérant sa mort . Clémence Baron est vraiment criante de vérité dans son interprétation de Veronica adoptée par une famille Française. Vingt ans sans revoir ses proches, vingt ans pendant lesquels l'histoire de sa famille à été cachée dans un coin de sa mémoire.

Tout est vrai dans ce texte de Clémence Baron car c'est l'histoire de sa famille. L'émotion est réelle et vive, elle nous prend aux tripes. Chacun d'entre nous avons eu connaissance de ces horreurs de trafic d'enfants mais ici c'est du concret. Ce n'est pas à l'autre bout du monde, ce n'est pas du siècle dernier, les cendres sont encore vives et peuvent être attisées.

Comment raccommoder ces familles outragées, ces enfants cabossés, ces enfants du diable que fut Ceaucescu.

Le décor sobre de l'appartement est admirablement mis en lumière ce qui appuie la mise en scène et marque la présence de Mírela tout juste mise en terre. A voir vraiment !

 

Théâtre de l'oriflamme à 11h30

Du 2 au 21 juillet relâche le Lundi 

Compagnie la Barronnerie

 

Dominique Mesle


« Bouleversant » est le qualificatif qui revient le plus souvent dans les témoignages de ceux qui ont vu la pièce. Ce mot est un euphémisme, mais aucun synonyme n’est assez fort pour expliquer les émotions qui m’ont submergée.

L’Histoire est dure, car elle est réelle. Elle fait peur, car elle pourrait se reproduire.

Et malgré cet enfer réactivé, la pièce est profondément optimiste. Elle parle des liens familiaux, de pardon, de résilience, et de combat pour l’Espoir. La fratrie est réunit et elle parle du passé, pour essayer de mieux le comprendre et le digérer, car il faut vivre avec (survivre n’est pas suffisant, c’est rester puni d’une faute qu’on n’a pas commise). Et elle parle aussi d’avenir, car le futur se construit ensemble, en se soutenant, en rêvant et en agissant.

C’est un magnifique témoignage d’amour familial et d’amour de la vie. Alors on a les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres.

 

Emmanuelle Baumont pour Passion Théâtre.